Tag YSL

Hugo Gélin, le cinéma en héritage

Le petit-fils de Daniel Gélin réalise un road-movie réussi et chaleureux sur l’amitié. Entre rire et émotion.

Hugo Gélin, François-Xavier Demaison, Mélanie thieery, Pierre Niney et Nicolas Duvauchelle sont comme des frères. (Maxppp)

 

Un grand-père naturel, Daniel Gélin, star des années 1950-1960. L’autre, d’adoption, Yves Robert, à l’origine de comédies françaises parmi les plus populaires – La Guerre des boutonsUn éléphant, ça trompe énormémentLe Grand Blond avec une chaussure noire, entre autres. Une grand-mère, Danièle Delorme, actrice et productrice. Un papa, Xavier Gélin, qui fut producteur et comédien. « Pourtant, avec une telle famille, je me cachais pour faire du cinéma quand j’étais adolescent », dit, avec un large sourire, Hugo Gélin. À 32 ans, hérédité oblige, il réalise son premier film, Comme des frères, où l’amitié joue un rôle prépondérant. Comme dans l’oeuvre d’un certain… Yves Robert.

Une amitié atypique

« Il se trouve que j’ai deux excellents copains : l’un a 20 ans, l’autre 40. Vu cet écart d’âge entre nous trois, je trouve notre amitié plutôt atypique. C’est un cas de figure que j’ai rarement vu au cinéma. Je connais pas mal de quadras qui jouent encore à la PlayStation alors que beaucoup de jeunes de 20 ans veulent très vite se mettre en couple. Sur l’amitié, j’aime beaucoup les films de Sautet, de Cassavetes, Les Copains d’abord, de Lawrence Kasdan, et, évidemment, Un éléphant… et Nous irons tous au paradis, d’Yves Robert. »

Il y a trois ou quatre ans, Hugo Gélin devait réaliser son premier film qui n’avait rien à voir avec Comme des frères. À un mois du tournage, un distributeur lui fait faux bond. « Sur le moment, j’ai été vraiment désespéré. En fait, ç’a été un bien pour un mal. Avec le recul, je me suis rendu compte que mon sujet manquait de profondeur. Du coup, j’ai fondé une maison de production, Zazi films [d’après le surnom de son père, décédé en 1999] et j’ai écrit trois nouveaux scénarios. »

Dédié à « Jocelyn »

Hugo Gélin se souvient des grandes tablées de son enfance. Il y avait là Jean Rochefort, Claude Sautet, Yves Robert qui, tous, refaisaient le monde. « Du haut de mes 10-12 ans, je ne me rendais pas très bien compte de la chance que j’avais. » Pendant ses vacances à la campagne, il s’amuse à réaliser des films. « Certains duraient une heure et demie! Avec un copain, on jouait une vingtaine de personnages. Bien sûr, c’était nullissime, mais j’adorais cette notion de créer quelque chose de A à Z. » Être devant la caméra ne l’attire pas plus que cela, mais il s’inscrit tout de même à un cours pour mieux comprendre les acteurs. « Le premier jour, on devait se présenter sur scène et dire quel était notre modèle. En toute modestie, j’ai dit : ‘Je veux être Steven Spielberg’! »

Xavier Gélin, qui surveille son rejeton du coin de l’oeil, l’inscrit à la prestigieuse université de cinéma UCLA d’où est, notamment, sorti Martin Scorsese. « J’ai réussi le concours d’entrée ; malheureusement, mon père est mort du cancer l’année où je devais partir aux États-Unis. J’étais tellement dévasté que je n’y suis jamais allé. » Comme des frères est dédié à « Jocelyn ». Jocelyn Quivrin, compagnon d’Alice Taglioni, le flic amoureux de Sophie Marceau dans LOL, qui s’est tué en voiture sous le tunnel de Saint-Cloud en novembre 2009. « C’était l’un de mes meilleurs amis. Il aurait eu largement sa place dans le film. »

Jean-Pierre Lacomme – Le Journal du Dimanche

dimanche 18 novembre 2012

Voir l’article original sur JDD > Voir toutes les dernieres news >